14 vues
#### Introduction *Depuis quelques mois, dans les formations destinées aux usages du numérique (rupn, professeurs de SES) entre deux cours ou au détour de la salle des professeurs, les mêmes questions reviennent : « Mais au fond… ces IA, ça change vraiment quelque chose ? » « On gagne du temps ou on se complique la vie ? » « Et les élèves, ils apprennent mieux avec ou sans ? »* *L’arrivée des IA génératives a bousculé nos pratiques, nos repères, parfois même nos certitudes.* #### *En tant que IAN, j’ai décidé de répondre à ces interrogations dans une série de petites interviews fictives. Voici la première : une discussion franche avec un professeur de SES, curieux, parfois un peu perdu, mais surtout désireux de comprendre.* --- # 🎤 **Interview imaginaire : “Apprendre à l’heure des IA”** **Entre un professeur de SES un peu perdu… et un IAN (Interlocuteur académique au numérique) qui aime s'appuyer sur les acquis des neurosciences cognitives.** --- ## ☕ **1. “Dis, j’suis un peu largué… on apprend encore quelque chose à l’heure des IA ?”** ### 👨‍🏫 Professeur de SES : Franchement… je suis un peu déboussolé. Les élèves me disent : *“Mais monsieur, l’IA sait tout, pourquoi apprendre ?”* Je sens que ça me glisse entre les doigts. Toi qui es IAN, tu réponds quoi ? ### 🧑‍💻 IAN : On est nombreux à se poser la question. Et la réponse est simple : **apprendre, c’est changer son cerveau. Littéralement.**. Quand un élève apprend, il **renforce des connexions neuronales**, il sculpte son cerveau. L’IA, elle, ne change *rien* dans son cerveau. Elle donne une info, point. Donc quand ils disent : *“L’IA sait déjà”*, la vraie réponse c’est : **“Oui. Mais toi, tu n’as encore rien appris.”** --- ## 🧠 **2. “Mais une bonne explication fournie par l’IA, ça aide quand même, non ?”** ### 👨‍🏫 Prof de SES : Parce qu’ils me le disent : *“Mais monsieur, ChatGPT explique très bien !”* Et parfois, ils ont raison… ### 🧑‍💻 IAN : Et ça peut vraiment les aider. Les élèves ne doivent pas s'en priver ! **Mais si comprendre est un bon début, cela ne suffit pas.**. Les neurosciences sont très claires : 1. **Pas d’activation neuronale → pas de connexion renforcée.** Si l’élève ne réfléchit pas, son cerveau reste en mode veille. 2. **Pas de difficulté → pas de plasticité.** La lutte cognitive, aussi pénible soit-elle, c’est LE moteur biologique de l’apprentissage. L'IA peut sans doute participer à cette lutte mais elle sert trop souvent à l'éviter ! 3. **Pas de transformation → pas de progrès.** Une explication reçue… c’est comme regarder quelqu’un faire du sport : tu as compris le geste, mais tu ne deviens pas plus musclé. L’IA peut éclairer, débloquer des situations, ce qui n'est déjà pas si mal. Mais **elle ne déclenche pas l’apprentissage.** --- ## 🧱 **3. Les 4 piliers : “Est-ce que l’IA peut m’aider un peu, quand même ?”** ### 👨‍🏫 Prof de SES : Mes élèves me sortent ça toutes les semaines :,*“Mais monsieur, avec l’IA on apprend beaucoup plus vite !”* Et franchement… je ne sais jamais quoi répondre. Alors, mythe ou réalité ? ### 🧑‍💻 IAN : Les deux… mais pas comme ils l’imaginent. **L’IA peut accélérer certaines étapes *autour* de l’apprentissage — mais jamais l’apprentissage lui-même.** Je t’explique, point par point, avec les neurosciences en ligne de fond. --- # 🔍 **1️⃣ L’attention : l’IA ne peut pas être attentif à leur place** L’IA peut rendre un document plus clair, organiser une fiche, résumer un texte, préparer des flashcards. Tout cela est formidable ! ... Mais **orienter son attention**, c’est un travail interne, biologique, basé sur des neuromodulateurs. Si l’élève lit distraitement ce que l’IA a produit : → **rien n’entre en mémoire**. → c’est joliment présenté, mais neurobiologiquement *inactif*. **Donc oui, l’IA fait gagner du temps sur la forme. Mais pas une seconde sur l’apprentissage réel.** --- # 🔍 **2️⃣ L’engagement actif : là où l’IA fait… l’élève n’apprend pas** C’est la règle d’or : **apprendre = activité interne + lutte cognitive**. Quand l’élève demande à l’IA de faire l’exercice à sa place, c'est très dangereux : * il n’active pas ses réseaux neuronaux, * il n’affronte pas la difficulté, * il perd l'occasion de se tromper et d'ajuster ses connaissances. * bref, il ne construit aucun chemin mental. Résultat : **il a l’information, mais son cerveau n’a rien enregistré.** Une belle copie peut cacher un vide cognitif. --- # 🔍 **3️⃣ Le feedback : l’IA donne une réponse, pas une restructuration mentale** Oui, l’IA peut corriger un texte, identifier une erreur, proposer une amélioration. C'est sans doute un aspect des plus intéressants de l'IA pour apprendre. Mais il y a une condition : **la correction n’a de valeur que si l’élève l’assimile** : * “Pourquoi est-ce faux ?” * “Qu’est-ce qui m’a trompé ?” * “Comment j’aurais pu le voir moi-même ?” **L’IA peut aller vite. L’apprentissage, non.** --- # 🔍 **4️⃣ La consolidation : aucune machine ne peut dormir à leur place** C’est le point le plus important. **Consolider = fixer durablement = modifier physiquement le cerveau.** Et ça, c’est : * la répétition espacée, * la récupération active, * le sommeil profond, Aucun modèle, aucune IA, aucune app ne peut accélérer ça. Ce sont des processus biologiques incompressibles. --- # 🌱 Conclusion réaliste **Oui : l’IA accélère la préparation, l’organisation, la clarification.** **Non : elle n’accélère pas l’apprentissage, parce que le cœur de l’apprentissage est biologique.** *L’IA peut préparer le terrain. L’élève doit creuser, semer, arroser. Et son cerveau, lui, pousse — mais à son rythme.* --- ### IAN de SES *Contact :* [fgraveleau@ac-nantes.fr](mailto:fgraveleau@ac-nantes.fr) ### En route vers le bac *Accéder au site :* [https://digipage.app/s/6w3wptuUz](https://digipage.app/s/6w3wptuUz) ---